L’année a démarré en fanfare ! Au premier trimestre, contre toute attente, le PIB a progressé à un rythme de 0,6%, supérieur de 0,2 point à la croissance observée au quatrième trimestre 2015 selon l’Insee.
On pouvait alors parler de reprise. La consommation des ménages et l’investissement étant dynamiques, la demande intérieure a contribué à la croissance du PIB à hauteur de 1 point de PIB au total. Soit 0,4 point de PIB de plus qu’au dernier trimestre 2015. Cette performance aurait pu être encore plus élevée. Il aurait fallu que les entreprises déstockent moins, la variation des stocks retirant 0,2 point à la croissance.
Le commerce extérieur pèse sur les chiffres de la croissance
Il aurait surtout fallu que le commerce extérieur se réveille enfin. Ce ne fut pas le cas. Au premier trimestre, il pesé négativement de 0,2 point sur la croissance. Certes, c’est 0,4 point de moins qu’au quatrième trimestre 2015. Mais il est difficile de se réjouir de cette situation. Il faut remonter au deuxième trimestre 2015 pour observer la dernière contribution positive du commerce extérieur sur la croissance. Il faut prospecter encore plus loin dans les archives pour trouver la trace du dernier excédent de la balance commerciale : 2003.
Les entreprise ont peut-être raté le coche
Pourtant, les entreprises françaises auraient dû profiter de conditions plus avantageuses. Le recul des matières premières, et en particulier du pétrole, la chute de l’euro face au dollar et la baisse du coût du travail autorisée en partie par le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et les premiers allègements de charges contenus dans le Pacte de responsabilité – d’autres ont suivi en avril – auraient dû avoir un effet positif sur le commerce extérieur. Ce ne fut pas vraiment le cas, en raison, essentiellement, de la faiblesse du tissu d’entreprises exportatrices qui ne dépasse pas les 125.000.
Un rythme difficile à soutenir
Et ensuite ? Il faut attendre le 23 septembre pour connaître les résultats de la croissance au deuxième trimestre. C’est à cette date que l’Insee publiera sa première estimation. Que peut-on espérer ? Malheureusement, l’activité ne peut se maintenir à ce rythme. L’Institut vise une croissance de 0,3% du PIB, un rythme inférieur de moitié à celui enregistré au premier trimestre. La Banque de France est encore moins optimiste. Elle table sur une hausse de l’activité limitée à +0,2%. C’est maigre.
Cette décélération trouve en partie son origine dans un essoufflement de la consommation. Les dépenses des ménages en énergie et en biens durables, parmi lesquels l’automobile, les produits électroniques et les équipements en logement ont nettement marqué le pas en avril et mai. La publication prochaine des statistiques datées de juin permettra de déterminer si ce repli de la consommation est une tendance longue.
L’investissement progresse
Heureusement, l’investissement des entreprises reste dynamique, compensant en partie cette baisse de la consommation des ménages. La remontée du taux de marge et la prolongation du dispositif de suramortissement de l’investissement, lequel a été élargi à d’autres secteurs comme le numérique, favorisent la progression de l’investissement. Symbole de cet allant, le climat des affaires se maintient au-dessus de sa moyenne de longue période.
Que faut-il attendre du commerce extérieur ? A priori, pas grand-chose. La réduction de deux milliards d’euros du déficit commercial en mai par rapport à avril ne met pas fin à la dégradation de la balance commerciale. De fait, ” le déficit cumulé des douze derniers mois atteint 46,5 milliards d’euros, contre 46,0 milliards pour l’année 2015 „, précisent les Douanes. S’ils ne devraient pas être visibles dès cette année, les effets négatifs du Brexit sur l’exportation devraient être palpables l’année prochaine. C’est l’une des raisons pour laquelle la semaine dernière le Fonds monétaire international (FMI) a révisé de 0,1 point sa prévision de croissance pour la France pour la porter à 1,1% en 2017.
Par ailleurs, la remontée des cours du brut vient rogner la compétitivité des entreprises industrielles. Heureusement, l’euro se maintient face au dollar à un niveau avantageux pour les entreprises qui exportent hors de la zone euro. Il n’a gagné que 1,22% face au billet vert depuis le 31 décembre 2015. Sur cinq mois, c’est une chute de plus de 23% qu’il affiche.
Les maigres options de l’exécutif
Dans ce contexte, que peut faire le gouvernement pour stimuler la croissance ? Plusieurs baisses d’impôts sur le revenu de certaines catégories de ménages ont déjà été décidées. Une autre interviendra peut-être l’année prochaine si la croissance atteint 1,7% en 2017. C’est l’une des promesses faites par François Hollande lors de son intervention télévisée le 14 juillet. Si la consommation s’essouffle, la partie n’est pas gagnée.
Peut-il actionner le levier de la commande publique ? Parce qu’il s’est engagé à respecter ses engagement vis-à-vis de Bruxelles en matière de réduction du déficit public, l’Etat n’a pas de marge de manœuvre. Certes, la France peut emprunter à des conditions historiquement basses. Mais ces emprunts ne peuvent servir à autre chose qu’à couvrir les dépenses courantes comme le service de la dette, le deuxième poste de dépense de l’Etat. Au niveau local, et c’est plutôt une bonne nouvelle, la donne est un peu différente. Selon les prévisions de la Banque Postale, après avoir chuté de 17% depuis 2013, le montant des investissements des collectivités locales devrait enfin se stabiliser en 2016, aux alentours de 48 milliards d’euros.