Le ministre de l’Économie a présenté sa démission, mardi. Pour préparer 2017 ? Michel Sapin, déjà ministre des Finances, le remplace.

On le pressentait depuis longtemps tant les rumeurs bruissaient. C’est désormais officiel. Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie a décidé ce mardi de quitter le gouvernement. Emmanuel Macron a rencontré François Hollande ce mardi à 15 heures pour lui annoncer son départ du gouvernement.

« J’ai mené tous les combats que l’on m’aura été autorisé à livrer », a-t-il déclaré lors d’une allocution organisée en fin d’après-midi à Bercy. Avec cette petite phrase, l’ex-ministre semble sous-entendre que son action a été bridée. Surtout, il annonce sa décision de se mettre au service de l’intérêt général en se consacrant exclusivement à son micro parti „En marche”. En septembre, il  présentera son diagnostic sur l’état de la France, avant de proposer des solutions pour lever les blocages identifiés et que les appareils politiques n’arrivent pas, selon lui, à lever. „C’est un choix engageant car notre pays mérité que l’on prenne pour lui des risques „, a -t-il déclaré, estimant avoir „touché du doigt les limites de notre système politique „.

Un véritable feuilleton

Le feuilleton du départ du ministre de l’Economie ne date pas d’hier. Un jour, il est poussé vers la sortie par Manuel Valls, le Premier ministre avec qui le courant n’est jamais passé, le second reprochant au premier de lui avoir volé les habits de grand réformateur, d’être celui qui, selon les médias et les Français, incarnerait le changement.

De la part du Premier ministre, c’est une erreur d’appréciation. N’en déplaise au ministre de l’Economie, la loi Macron a accouché d’une souris. Vidée en grande partie de son contenu, de ses réformes structurelle les plus ambitieuses, la loi sur la croissance et l’activité n’a pas bouleversé l’économie française.

Se consacrer à son mouvement

Un autre, c’est l’entourage d’Emmanuel Macron qui évoque son départ imminent, pour se consacrer pleinement à son mouvement politique „En marche” lancé en avril. Il l’a annoncé en fin d’après-midi, ce sera sa priorité.

Retrouvant sa liberté de parole, qui ne semblait pourtant pas si bridée que ça si l’on se remémore les nombreuses passes d’armes entre le ministre et les autres membres de l’exécutif – Manuel Valls donc, mais également Michel Sapin…- il pourrait ainsi préparer les élections présidentielles de 2017, au cas où François Hollande, le président de la République ne se représenterait pas à sa propre succession.

Cette dernière hypothèse semble peu probable. En effet, la probabilité que François Hollande décide de s’engager est forte. Emmanuel Macron trahirait-il celui qui l’a jusqu’ici soutenu ? Ce serait étonnant, le ministre de l’Economie ayant toujours déclaré sa loyauté au président de la République. Au regard de tous ces éléments, quel scénario pourrait se décider si Emmanuel Macron devait effectivement quitter Bercy ?

De Matignon à l’Elysée ?

Ils sont multiples. Une hypothèse circule depuis quelques temps. Une fois son départ acté, Emmanuel Macron se lancerait effectivement dans la course, profitant d’une cote de popularité élevée. Dévoilé en juillet, un sondage exclusif d’Elabe pour BFMTV indiquait que 36% des Français souhaitaient sa candidature à la présidentielle de 2017.

Ses idées, ses propositions de réforme infuseraient alors au sein de l’opinion, notamment au sein de la gauche réformatrice et du centre. Et après ? Il se retirerait, pour se ranger aux côtés de François Hollande, une fois sa candidature annoncée. En cas de victoire, en contrepartie de son „sacrifice”, il aurait Matignon. Il ne lui resterait plus qu’à réussir là où tous ses prédécesseurs rue de Varenne ont échoué : traverser la Seine et rejoindre l’Elysée en 2022. Lors de son allocution, il a encore exprimé sa loyauté au président de la République dont il a vanté „le courage”.

Pour le remplacer, François Hollande a joué la carte de la simplicité. Il a nommé Michel Sapin, déjà ministre des Finances, désormais à la tête d’un ministre de l’Economie et des Finances recomposé.

http://www.latribune.fr/economie/france/emmanuel-macron-sur-le-depart-595153.html