Le géant américain fondé par Travis Kalanick en 2009 et son concurrent asiatique enchaînent les tours de table. Objectif : assurer leurs arrières dans la perspective de devenir le numéro un mondial du marché du transport particulier à la demande, alors que la concurrence exacerbée entraîne une guerre des prix. Et pèse fortement sur la rentabilité des acteurs, lesquels collectionnent en outre les démêlés avec la justice, sources de quelques frais…
Des levées de fonds à la pelle
Ainsi, Didi Chuxing, la principale application chinoise de réservation de taxis et de voitures avec chauffeur (VTC) rivale -sur ce dernier créneau- de l’américaine Uber, a annoncé jeudiune titanesque levée de fonds de 7,3 milliards de dollars. Celle-ci servira notamment à améliorer la technologie de la plateforme, ainsi que l’expérience passager conducteur, a précisé l’entreprise dans un communiqué. Sans cacher son ambition de fidéliser ses clients et surtout d’augmenter la taille de sa part du gâteau.
La levée de fonds inclut 4,5 milliards de dollars d’investissements en provenance de soutiens tels que celui venu d’Apple – 1 milliard de dollars injectés le mois dernier– ou de China Life, le plus gros assureur chinois. Les géants chinois de l’internet Alibaba et Tencent ont aussi investi dans l’entreprise, qui a fait également état jeudi d’un prêt de 2,5 milliards de la China Merchants Bank.
Pour sa part, Uber, dont le géant Google est actionnaire, a reçu des financements de Baidu, le moteur de recherche, sorte de „Google chinois”, et de Citic Securities, un groupe d’Etat. Mais ce n’est pas tout. La société américaine vient récemment d’annoncer la coquette prise de participation de quelque 3,5 milliards de dollars du fonds saoudien Public Investment Found. Cela représente un total de près de 13 milliards de dollars levés, note le Wall Street Journal (WSJ).
Cependant, Uber vient de faire part de son intention de lever un à deux milliards de dollars sur le marché de la dette, toujours d’après le WSJ. Cela pourrait, selon le média américain, être une façon de gagner du temps par rapport à une entrée en Bourse, qui est loin d’être à l’ordre du jour, selon Bloomberg, tandis que Didi en envisagerait une d’ici l’année prochaine. Surtout cela lui permettrait de ne pas diluer ses actionnaires, ni de communiquer sur sa réelle valeur, alors que la firme californienne revendique à ce jour une valorisation de plus de 60 milliards de dollars, depuis le récent investissement deRyad, contre plus de 28 milliards pour Didi, qui dispose de plus de 10 milliards en cash.
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Uber et Didi rivalisent en Chine…
Bref, la guerre entre les deux plateformes est sans merci. Au niveau de l’Asie d’abord, où Uber affronte Didi qui prétend maîtriser près de 90% du marché du transport de particulier à la demande en Chine (87% côté VTC, et 99% côté taxis, sachant qu’Uber ne rivalise pas sur ce dernier segment) avec quelque 300 millions d’utilisateurs enregistrés et plus de 14 millions de trajets quotidiens. Cela n’empêche cependant pas Travis Kalanick de miser sur un tel marché, qu’il considère comme sa mine d’or. Ainsi, bien qu’il y perde 1 milliard de dollars par an, il a fait part de son souhait d’en faire sa priorité, son principal marché. Notamment en y investissant massivement, à hauteur de 1 milliard de dollars en 2015. Résultat : dans le Top 10 des villes les plus importantes en matière de trafic, Uber compte 6 villes chinoises.
Notons cependant qu’Uber et Didi ne sont pas d’accord sur les chiffres. Uber revendique ainsi un tiers du marché chinois. Toutefois, selon les chiffres du bureau de recherche Analysys International basé à Beijing, qui scrute quelque 150 millions de mobinautes actifs, Didi aurait 43,1 millions d’utilisateurs actifs, contre 10,1 millions pour Uber, précise le WSJ.
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… veulent dominer le marché mondial
Quoi qu’il en soit, la bataille se poursuit au niveau mondial, où, à terme, deux gros acteurs devraient se partager le marché. C’est en tout cas ce que laissent augurer les stratégies des différents acteurs. A l’instar de Didi qui s’est récemment allié avec Lyft, le concurrent aux bacchantes roses d’Uber aux Etats-Unis. Et dans lequel il a investi, aux côtés d’Alibaba. Les utilisateurs de Didi peuvent désormais commander un chauffeur Lyft via la même application pour mobile s’ils se déplacent de l’autre côté du Pacifique.
Par ailleurs, Didi a également investi dans Ola, concurrent d’Uber en Inde.
Reste que certains experts estiment qu’un rapprochement entre Didi et Uber Chine semble inéluctable, note encore le WSJ. Cela semblerait cohérent avec la stratégie de Didi Chuxing, elle-même fruit de la fusion en 2015 entre les deux opérateurs locaux Didi Dache et Kuaidi Dache.
Toutefois, cela ne ressemblerait pas à l’esprit conquérant de Travis Kalanick, pour lequel une telle alliance résonnerait comme une défaite, analyse le WSJ. Alors, ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Surtout qu’Uber assure être capable de dépasser son concurrent local l’année prochaine, selon le journal américain.
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/vtc-qui-de-uber-ou-de-didi-dominera-le-marche-mondial-580271.html