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Vol MS804 d’Egyptair : les questions qui se posent

Les recherches des débris de l’A320 d’Egyptair se poursuivent. La France apportera ses moyens pour récupérer les boîtes noires lorsque l’épave sera retrouvée. A Paris, les enquêteurs travaillent sur tout le processus du vol. L’avion est resté une heure entre son arrivée à Roissy et son décollage pour Le Caire.

Personne ne sait évidemment pourquoi l’Airbus A320 d’Egyptair qui reliait Paris au Caire  avec 66 personnes à son bord s’est abîmé jeudi matin en mer au large de l’île grecque de Karpathos. Est-ce un accident ? Un attentat ? Toutes les pistes sont étudiées, même si celle de l’attentat a été évoquée par le ministre égyptien de l’Aviation civile, Chérif Fathy, lequel a estimé que cette situation pouvait „laisser penser que la probabilité (…) d’une attaque terroriste est plus élevée que celle d’une défaillance technique„. Néanmoins, il n’a pas „voulu en tirer de conclusions hâtives„.

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Aucune piste n’est privilégiée

La piste d’un attentat à l’explosif est privilégiée par certains experts. „C’est l’ambiance politique qui fait cela„, a indiqué l’expert aéronautique Gérard Feldzer, en jugeant par ailleurs „peu probable” un „ennui technique majeur” alors que l’avion était „relativement récent„. Sur les ondes de France Info, le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, n’a pas voulu privilégier une piste par rapport à une autre et a appelé à la prudence.

Comme tout accident, l’analyse des débris lorsqu’ils seront repérés (s’ils sont éparpillés, cela peut accréditer la thèse de l’explosion) et des corps des victimes (s’ils ont leur gilet de sauvetage, ceci indiquerait au contraire que l’accident n’a pas été si soudain) permettra de tirer les premières conclusions. Déjà, selon l’ancien directeur du Bureau Enquêtes Analyses (BEA), l’absence d’appels de détresse semble indiquer un choc brutal.

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Mais c’est surtout la lecture des deux enregistreurs de vols (boites noires) qui permettra d’en savoir plus. Pour rappel, l’un enregistre tous les sons dans le cockpit, l’autre tous les paramètres du vol.

La France proposera ses moyens pour récupérer les boîtes noires

Depuis l’accident au large des côtes brésiliennes de l’AF447 d’Air France le 1er juin 2009 faisant 228 victimes, et la récupération un an plus tard des deux boîtes permettant leur lecture, ce type de recherches apparaît de facto beaucoup plus simple dans le cas de l’avion d’Egyptair dans la mesure où la zone de recherches est beaucoup plus restreinte. Selon les autorités grecques, l’Airbus d’Egyptair est tombé à 130 milles marins au large de l’île de Karpathos, alors qu’il venait d’entrer dans l’espace aérien égyptien. Aucun débris n’a été retrouvé.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a demandé à „tous les appareils de l’Etat concernés, y compris le ministère de l’Aviation civile (…) la marine et l’armée de l’air d’intensifier les opérations de recherches” pour „retrouver les débris de l’avion„. Alain Vidalies a indiqué qu’une fois l’épave localisée, la France proposera ses moyens pour la  récupérer en espérant retrouver les boîtes noires.

Les boîtes noires émettent un signal pendant un mois environ

Envoyés au Caire ce jeudi, trois enquêteurs du Bureau Enquêtes Analyses (BEA) et un conseiller d’Airbus pourront „notamment conseiller les autorités égyptiennes pour l’organisation des recherches sous-marines en vue de localiser l’avion et les enregistreurs de vol„, a indiqué jeudi dans un communiqué le secrétariat d’Etat aux transports.

Deux possibilités. Soit ces boîtes noires sont toujours dans leur emplacement initial dans la queue de l’avion, soit, en raison du choc, elles se sont détachées et il faudra, à l’aide d’un sonar, ratisser les fonds de la zone supposée de l’impact. Pour rappel, les boîtes noires émettent un signal pendant un mois environ perceptible dans un rayon de 2 kilomètres.

Le vol MS804 a soudainement disparu des écrans radar sans qu'”aucun problème” n’ait été signalé par le pilote et alors que les conditions de vol étaient excellentes à l’approche des côtes égyptiennes. Les contrôleurs aériens ont discuté avec le pilote de l’appareil alors que celui-ci survolait l’île de Kéa et il n’a alors fait état d’aucun problème. Le pilote était même „de bonne humeur et a remercié ses interlocuteurs en grec„, selon leur chef, Constantin Litzerakos.

Appels sans réponse

Mais juste après l’entrée de l’Airbus dans la zone de contrôle aérien dépendant du Caire, les appels sont restés sans réponse, puis il a disparu des radars peu avant de sortir de l’espace aérien grec, a expliqué à Reuters Kostas Litzerakis, le directeur de l’aviation civile grecque.

„Pendant la procédure de transfert à l’espace aérien du Caire, environ sept milles avant que l’avion n’entre dans l’espace aérien du Caire, les contrôleurs grecs ont essayé de contacter le pilote mais il ne répondait pas”, a-t-il dit.

Le temps était clair au moment de la disparition, d’après les bulletins météo.

A 00h37 GMT, l’avion, qui se trouvait à une altitude de 37.000 pieds (plus de 11.200 m), „a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37.000 à 15.000 pieds” avant de disparaître des radars, a indiqué le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos.

Quelqu’un s’est-il introduit dans le cockpit pour mener une action malveillante? Y-a-t-il eu une dépressurisation comme certains l’évoquent ? Si oui a-t-elle était provoquée par un incident technique ou par un explosif ? Les questions restent toujours les mêmes. „On est dans le brouillard”, indique un expert. Pour l’heure, aucune revendication d’attentat n’est intervenue.

Enquête judiciaire à Paris

Une enquête a été ouverte à Paris. Elle est menée par la Gendarmerie du transport aérien (GTA) et par la Police aux frontières (PAF). Le passé de chaque passager est passé au crible. Toutes les vidéos concernant le passage des voyageurs aux postes d’inspection filtrage (PIF), aux postes de police aux frontières ainsi que la phase d’embarquement ont été visionnées. Selon nos informations, aucune anomalie n’a été repérée dans les procédures de contrôle.

Ce qui n’enlève pas la possibilité, si la thèse de l’attentat serait retenue, que des explosifs aient pu être présents à bord. „Le risque zéro n’existe pas„, rappellent tous les experts. Et certains d’expliquer que des explosifs peuvent être ingurgités. Un tel procédé n’est détectable qu’avec des „body scanners” que la France n’a pas décidé d’installer dans ses aéroports. „Les human bomb sont possibles, mais il faudrait ingurgiter également le détonateur, c’est un peu compliqué„, fait valoir un expert en sûreté aérienne.

L’avion est resté 1h07 à Roissy

L’enquête porte forcément aussi sur tout ce qui a gravité autour de l’avion (ménage, embarquement des repas, vérification de l’avion…), entre son arrivée à Roissy et son décollage pour Le Caire. Ceci pour voir s’il n’y a pas eu de complicité à ce niveau-là.

Dans la réglementation européenne, l’avion d’une compagnie non-européenne avait un „statut D”, c’est à dire que l’appareil doit être fouillé intégralement. Ce contrôle est sous la responsabilité de la compagnie. L’avion est resté 1h07 sur le tarmac. Un temps jugé serré par certains spécialistes. Par ailleurs, les officiers de sûreté de la compagnie qui voyagent à bord des avions d’Egyptair -ils étaient trois sur ce vol- restent en théorie dans la cabine.

La partie cabine est sous la responsabilité de la compagnie tandis que les opérations pistes sont sous celles du gestionnaire de l’aéroport. Toutes les opérations en escale sont sous-traitées. Il n’y avait pas de fret dans l’avion.

Si l’hypothèse de l’attentat était retenue, certains n’excluent pas qu’une bombe ait pu être déposée au Caire d’où venait l’appareil, voire de Tunisie ou d’Erythrée, des destinations qu’il avait desservies dans la journée de mercredi. Pour autant, il aurait fallu un système avec un déclenchement manuel ou à retardement. Certes possible avec une horloge, ces deux scénarios laissent sceptique les experts. Surtout que pour l’heure, rappelons-le, aucune revendication n’a été faite.

Conformément aux règles édictées par l’ONU, Le Caire aura la responsabilité de l’enquête avec l’assistance de plusieurs pays concernés, dont la France, où l’avion a été assemblé, et les Etats-Unis, où est basé le motoriste Pratt & Whitney.

Un avion russe victime d’un attentat le 31 octobre

La Russie et les gouvernements occidentaux ont déclaré que l’appareil avait sans doute été détruit par une bombe, et le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a affirmé avoir introduit des explosifs à bord avant le décollage. Cette catastrophe aérienne intervient un peu plus de six mois après l’explosion au-dessus de l’Egypte, le 31 octobre, d’une bombe à bord d’un avion russe transportant des touristes de la station balnéaire de Charm el-Cheikh à destination de Moscou, qui avait fait 224 morts.

Cet attentat avait été revendiqué par la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI), une organisation qui a fait aussi de la France l’une de ses cibles prioritaires.

http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/vol-ms804-d-egyptair-les-questions-qui-se-posent-572835.html

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