qui gangrènent leurs quartiers.Nathalie Perrier | 10 Mai 2015, 20h55 | MAJ : 10 Mai 2015, 21h35
 
 
 

Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dimanche 10 mai 2015. Une centaine d'habitants se sont réunis à l'appel d'un collectif de mères de famille pour dire «stop» à la violence générée par les trafics de drogue.

 
Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dimanche 10 mai 2015. Une centaine d’habitants se sont réunis à l’appel d’un collectif de mères de famille pour dire «stop» à la violence générée par les trafics de drogue. (LP/Guillaume Georges.)

Les mamans ont dessiné au sol, à la bombe, des corps, pour dire « non à la violence ». Ce dimanche soir, plus de 200 habitants de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) se sont rassemblés devant la mairie, à l’appel d’un collectif de mères de famille, « Debout Saint-Ouen », pour dénoncer l’emprise du trafic de drogue dans leur ville, située en bordure du périphérique parisien.

 « Il y a eu des blessés, des morts… On veut que ça s’arrête, martèle Sidonie, également membre d’une association de quartier. Le maire (NDLR : William Delannoy, UDI) compare notre ville à Marseille. Mais on ne veut pas du côté négatif de Marseille  !».

En un mois et demi, cinq jeunes ont été blessés par balle. Le 30 avril, trois acheteurs de cannabis ont été atteints, dont deux grièvement, lors d’une fusillade survenue en pleine journée dans la cité Emile Cordon. Vendredi soir, des coups de feu ont été tirés dans le quartier Arago, sans faire de blessés. «C’est la première fois que je viens à un rassemblement contre la drogue. Mais, il s’est passé trop de choses. J’ai toujours peur d’une balle perdue… », témoigne Sandra, qui vit au Vieux Saint-Ouen depuis neuf ans.

«Ils ont mis des CRS. Mais, après ?»

Didier et Michelle ne sont pas non plus des habitués des manifestations. « Mais, c’est devenu infernal. On habite dans le centre ville. Et bien, ils (NDLR : les dealers) se sont installés à l’entrée du garage de notre immeuble ! Le soir, ça crie, ça deale… ». Arrivée il y a seulement huit mois, une de ses voisines « n’en peux déjà plus ». Exaspérée, elle ne voit qu’une solution : « mettre des policiers partout, toute la journée ».

Hier, les trois associations qui constituent le collectif ont demandé à être reçus « par le maire », qui n’était pas présent à ce rassemblement, mais aussi « par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, lors de sa venue à Saint-Ouen, en juin ». Ce dernier a annoncé avant-hier dans le Parisien une série d’actions, et notamment une présence policière « visible et dissuasive » sur « une longue période ».

« La police, c’est bien. Mais il faut aussi de la prévention, ce qui passe par des moyens pour les acteurs de terrain », estime Faïza, à la tête d’une association dans le quartier Arago. Gérard, un riverain de Cordon, s’avoue lui dubitatif : « En 2012, Valls était venu en personne lancer la zone de sécurité prioritaire (ZSP) de Saint-Ouen. Il avait promis de régler les problèmes. On a eu des policiers en plus quelques temps. Et puis plus rien. Là, depuis le 30 avril, ils ont mis des CRS. Mais, après ? ça va être pareil ».

VIDEO. Trafic de drogue, fusillades : l’inquiétude des habitants de Saint-Ouen

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