Mais il existe des cas particuliers, à commencer par la banque italienne Monte Paschi, qui subirait de loin l’impact le plus dévastateur en cas d’un scénario économique „défavorable” d’ici à 2018.

L’Autorité bancaire européenne (EBA) a pointé vendredi la forte vulnérabilité de la banque italienne BMPS à une dégradation de la conjoncture, en publiant les résultats de tests de résistance menés sur 51 établissements européens dont les bases ont été jugées de façon générale plus solide. Sur l’ensemble des banques testées, Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS) subirait de loin l’impact le plus dévastateur en cas d’un scénario économique „défavorable” d’ici à 2018.

Son ratio de capital CET 1 fondrait de plus de 1.400 points de base pour tomber en territoire négatif, à -2,23%. Treize autres banques souffriraient de façon notable, car leur base capitalistique serait amputée d’au moins 500 points de base. Les allemandes Deutsche Bank et Commerzbank et la britannique Royal Bank of Scotland font partie de ce groupe.

Les autres banques, dont toutes les françaises figurant dans l’échantillon, souffriraient un peu moins dans ce scénario hypothétique, leur ratio de capital CET 1 perdant moins de 500 points de base. L’EBA a diffusé à 20H00 GMT une batterie de chiffres, tableaux et analyses sur 51 établissements de 15 pays européens, cumulant quelque 70% des actifs bancaires du continent et considérés à ce titre comme fondamentaux pour sa stabilité financière. Contrairement aux précédents tests publiés en 2014, l’Autorité n’a pas dit si, oui ou non, chacun des établissements concernés avait les reins suffisamment solides ou s’il pourrait résister à une brutale dégradation des conditions économiques.

L’EBA s’est escrimée plutôt à publier une série de données sur les capitaux et actifs des banques, sans injonction, qui sont transmises aux autorités de supervision – la Banque centrale européenne (BCE) pour les banques de la zone euro et les autorités nationales pour les autres – qui auront dès lors les éléments en main pour intervenir si nécessaire. Avant les tests, le cabinet de consultats PwC avait estimé que les banques testées pourraient avoir à lever jusqu’à 65 millards d’euros de capital supplémentaire, soit beaucoup plus qu’après les tests d’il y a deux ans.

Publication attendue par les marchés

De façon générale, l’Autorité a considéré que ces tests„démontraient la résistance du secteur bancaire de l’Union européenne dans le cas d’un scénario défavorable”. Leur capital CET 1 serait diminué en moyenne de 380 points de base, pour passer de 13,2% à 9,4%, un niveau supérieur aux minima  fixés par les autorités de régulation, mais qui recouvre bien entendu une situation très hétérogène d’une banque à l’autre.

L’EBA a souligné que, de façon générale, le secteur bancaire de l’UE avait „amélioré sa base capitalistique de façon notable ces dernières années”, de 200 points de base par rapport à 2014 et de 400 points de base par rapport à 2011 pour les 51 banques concernées par les tests de vendredi. „Les résultats définitifs, publiés par l’ABE, montrent que les banques françaises confirment leur solidité et leur capacité de résistance à des chocs sévères”, s’est félicitée de son côté la Banque de France, dans un communiqué.

Reste qu’au delà de la situation d’ensemble, ce sont les cas particuliers qui devraient attirer le plus d’attention. Les spéculations ont notamment été bon train cette semaine autour de BMPS, la troisième banque italienne – et plus vieille de la planète -, considérée comme le maillon faible du système bancaire en Italie. Quelques minutes avant la publication des tests de résistance, le conseil d’administration de BMPS a annoncé avoir validé un plan pour la cession de créances douteuses, pour une valeur de 9,2 milliards d’euros, qui sera suivie d’une augmentation de capital qui pourrait atteindre 5 milliards d’euros.

De l’autre côté de l’Europe, Deutsche Bank suscite aussi interrogations et intérêts. Scandales à répétition, difficultés de son activité de banque d’investissement dans un contexte de faible taux d’intérêt et impact d’une lourde restructuration conduite depuis presque cinq ans: la première banque allemande est devenu un véritable repoussoir pour les investisseurs.

Sur ce point, la publication des tests de résistance a vocation à aider les investisseurs à se faire une idée plus précise de la solidité, ou non, des capitaux des banques, de façon à limiter les spéculations qui agitent le secteur ces derniers mois. L’heure de publication de ces résultats très attendus avait d’ailleurs été choisie pour intervenir après la clôture des marchés, non seulement européens mais aussi américains, où plusieurs de ces banques ont des intérêts (AFP).

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