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Le Venezuela, un pays de plus en plus pauvre avec un sous-sol si riche

Le pays, qui détient les plus importantes réserves de pétrole au monde, est sévèrement affecté par la chute des cours du brut. Alors qu’il espère encore un rééquilibrage de la production dans les prochains mois, facteur de remonté des prix, le Venezuela cherche à endiguer les effets de la crise économique. Sans succès.

Le Venezuela serait-il amnésique ? En 1999, lannée d’arrivée au pouvoir de Hugo Chavez, la chute des cours avait engendré une grave crise économique. Si le nouveau président engage alors des réformes sociales pour lutter contre la pauvreté, aucune leçon n’est tirée de la nécessité de diversifier l’économie d’un pays qui tire 96% de ses revenus de l’or noir. De fait, depuis bientôt deux ans, avec un baril qui a chuté jusqu’à 30 dollars, le pays s’est enfoncé dans une grave crise économique qui menace de tourner au chaos sur fond d’affrontements violents entre opposants et partisans du gouvernement socialiste de Nicolas Maduro.

Un pays malade de son inflation

Un chiffre symbolise les difficultés, celui des des revenus du pays, qui ont fondu de 80 milliards de dollars en 2013 à 20 à 25 milliards de dollars en 2015 (selon les estimations). La dette publique, elle, frôle les 60% du PIB. Depuis des mois, pour tenter de résorber le déficit, la banque centrale vénézuélienne (BCV) fait tourner la planche à billets, à tel point que le pays détient désormais le record mondial d’inflation : plus de 180% en 2015, et le Fonds monétaire international (FMI) table sur une inflation de 700% cette année. La masse monétaire augmente, et les prix grimpent de façon vertigineuse.

Le 30 avril, le président Nicolas Maduro a annoncé une augmentation du salaire minimum de 30% pour redonner un peu doxygène à la population et pour ralentir l’escalade de la grogne sociale. Depuis plusieurs mois, l‘opposition dénonce l’incurie de Nicolas Maduro et réclame sa démission. Quant à la population, 68% des Vénézuéliens souhaitent désormais que le président quitte son poste.

Des partisans de l’opposition, brûlent des pneus et réclament un référendum pour écarter du pouvoir le président Nicolas Maduro. Manifestation à San Cristobal , au Venezuela , le 18 mai 2016.(Photo Carlos Eduardo Ramirez, Reuters)

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Arrivé au pouvoir en 2013 à la mort de l’icône Chavez, emporté par un cancer, le président s’accroche à son siège, et espère que les prix du brut grimpent de nouveau. Mais contrairement à son prédécesseur qui tapait régulièrement du poing sur la table pour un relèvement des prix, Maduro peine à s’imposer au sein de l’Opep dont le pays est membre. En attendant, il improvise.

>>>LIRE AUSSI : L’opposition déterminée à déloger Nicolas Maduro

Trois semaines après les annonces de majoration de salaires, Maduro cède à la pression des industriels qui demandent une revalorisation des prix de vente des denrées alimentaires contrôlés par l’Etat. Lundi 23 mai, le prix de la farine de maïs a été multiplié par dix. Gelé depuis 15 mois, cet ingrédient de base est passé de 19 bolivars le kilo à 190 bolivars. Quant au prix du poulet, gelé depuis février 2015, il a été multiplié par 13 : de 65 à 850 bolivars.

Les rayons des magasins désespérément vides

Si les prix des produits de première nécessité atteignent des sommets, ils deviennent aussi de plus en plus rares. Les queues pour acheter des denrées alimentaires dans des magasins d’Etat sont interminables. Mais les étals des magasins sont vides, et les 30 millions de Vénézuéliens peinent a se nourrir à leur faim.

Un supermarché de Caracas, 9 janvier 2016 (photos Jorge Silva, Reuters)

Un sondage réalisé en avril, rapporté par le Miami Herald, avance que seulement 54% des interrogés mangent trois fois par jour. Depuis des mois, ces graves pénuries alimentaires engendrent émeutes et pillages, voire des lynchages.

Toute la nourriture d’Antonio Torres et sa famille est étalée sur une table, dans leur maison. Caracas,vendredi 22 avril (photo Carlos Garcia Rawlins)

Les entreprises sont quant à elles à l’arrêt. Faute d’approvisionnement en sucre, le géant américain Coca-Cola a annoncé la suspension de sa production cette semaine. La liste s’allonge : Kraft Heinz, Clorox. En avril, le producteur vénézuélien de bière Empresas Polar SA avait aussi annoncé l’arrêt de ses activités en raison du manque de malt d’orge.

Pour quelques dollars de plus…

Certes, la baisse des prix du pétrole a accentué la crise économique, mais la population paye aussi les conséquences de son système de changes. Le taux officiel (1 dollar pour 6,30 bolívars), censé s’appliquer aux biens prioritaires importés (denrées alimentaires, médicaments), ne correspond pas à la réalité du marché. Un autre taux est appliqué aux entreprises et aux particuliers (471 bolivars pour le taux légal).

Mais dans un contexte où le Venezuela ne produit rien et importe tout (option beaucoup plus rentable en période de prospérité économique), le billet vert est très convoité. Avec la chute des prix du pétrole, les réserves en dollars ont fortement diminué, et le gouvernement impose des restrictions encore plus sévères que d’ordinaire en contrôlant les opérations de changes. Pour trouver des dollars – mission quasi impossible de façon officielle -, la population a recours au marché noir, mais les taux pratiqués y sont extrêmement élevés.

Sur le site DolarToday qui répertorie les cours du marché parallèle (hébergé à l’étranger car interdit au Venezuela…), le dollar s’échangeait plus de 1.000 bolívars mercredi 25 mai. Alors que les niveaux d’inflation sont incontrôlables, le billet vert est la valeur refuge. Mais les distorsions économiques et sociales s’accentuent entre ceux qui peuvent y avoir accès, et les autres.

http://www.latribune.fr/economie/international/le-petrole-ex-gloire-du-venezuela-devenue-malediction-573936.html
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