Lors de la présentation des résultats trimestriels du Crédit agricole, ce jeudi 12 mai, Philippe Brassac, directeur général de Casa, l’entité cotée de la banque verte, a réagi aux révélations du Monde mettant en cause l’établissement dans l’affaire des Panama Papers.

La conférence téléphonique du Crédit agricole, ce jeudi 12 mai, devait porter sur les résultats trimestriels de la banque. Mais Philippe Brassac, le directeur général de Crédit agricole SA (Casa, l’entité cotée de la banque verte), n’a pu couper à l’actualité de la veille, à savoir la mise en cause de la banque par le journal Le Monde dans l’affaire dite des « Panama Papers ». Le quotidien rapporte dans son édition datée de jeudi que le Crédit agricole a utilisé, depuis les années 1990, 1.129 sociétés offshore enregistrées auprès du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, au cœur de ce scandale d’évasion fiscale internationale. Des révélations qui ont eu d’autant plus de retentissement qu’elles sont survenues le jour de l’audition, par la commission des finances du Sénat, de Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, la seule banque française jusqu’alors incriminée dans l’affaire des Panama Papers.

« L’article du Monde nous blesse beaucoup car, depuis plusieurs années, nous avons mis en place un programme de lutte sans ambiguïté contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Nous contrôlons systématiquement la rectitude fiscale de nos clients, nous plaçons cette exigence de conformité au cœur de nos engagements », a déclaré Philippe Brassac en préambule à la conférence téléphonique avec la presse. Le dirigeant n’a toutefois pas confirmé le chiffre du Monde, selon lequel le Crédit agricole comptait encore 54 sociétés offshore actives à la fin 2015, se contentant de préciser qu’en « aucun cas, nous n’administrons nous-mêmes ce type de structure. » En tout état de cause, à la suite de ces nouvelles révélations dans le cadre des Panama Papers, le ministre des Finances, Michel Sapin, « a demandé des explications aux présidents des deux établissements bancaires cités [le Crédit agricole, donc, mais aussi BNP Paribas, ndlr]. Ceux-ci lui ont fourni de premiers éléments. Le ministre les verra dans les tous prochains jours », indique Bercy dans un communiqué. 

Les résultats de Casa entachés par les impacts négatifs liés au plan Eureka

Sur le front des résultats, le groupe Crédit agricole, qui comprend Casa et les caisses régionales, a dégagé un bénéfice net stable au premier trimestre, à 1,241 milliard d’euros. La baisse de 19% du coût du risque (provisions pour risques d’impayés) et la stabilité des frais généraux ont en partie compensé le recul de 3,1% du PNB (produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires), à 7,81 milliards d’euros, conséquence de l’impact négatif des taux d’intérêt très bas sur la marge d’intermédiation en banque de détail, et des turbulences des marchés boursiers en début d’année, lesquelles ont entraîné un certain attentisme des clients en banque de financement et d’investissement.

Ce maintien du résultat net permet au groupe d’afficher un ratio de fonds propres durs (de très grande qualité) de 13,9%, en hausse de 90 points de base par rapport aux trois premiers mois de l’année 2015. De son côté, Casa a subi au premier trimestre l’essentiel des éléments négatifs (400 millions d’euros) résultant de la mise en oeuvre du plan Eureka de simplification de l’organisation capitalistique de la banque, annoncé il y a quelques mois. D’où un bénéfice net en repli de 9,3%, à 394 millions d’euros. Mais les impacts liés à Eureka se limiteront à – 200 millions d’euros au deuxième trimestre, et ils auront un effet positif de 600 millions au moins au troisième trimestre, Casa devant retrouver son rythme de croisière à partir du dernier trimestre 2016, a précisé le directeur financier, Jérôme Grivet. Il n’empêche, jeudi matin, une quinzaine de minutes après l’ouverture de la Bourse de Paris, l’action Casa  perdait 4,08% à 8,73 euros, dans un marché en baisse de 0,63%.

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