Les réservations sur les vols long-courriers vers l’Europe sont impactées par la répétition des attentats. A cette demande poussive s’ajoute une situation surcapacitaire à la fois sur le long et le moyen-courrier qui fait chuter les recettes unitaires. Lufthansa a prévenu que ses résultats annuels seront inférieurs aux prévisions. Easyjet a vu son chiffre d’affaires reculer au printemps et fait face à un été incertain.
Lufthansa qui prévient ce jeudi, à la manière de IAG il y a quinze jours, que ses résultats annuels ne seront pas aussi élevés que prévu; Easyjet qui fait état, ce jeudi aussi, d’un recul de 2,6% de son chiffre d’affaires au troisième trimestre (avril-juin) et explique ne pas être en mesure de donner une prévision de bénéfices sur son exercice annuel qui s’achève fin septembre… Les nuages s’amoncellent dangereusement pour les compagnies aériennes européennes.
Au regard des prévisions de Lufthansa, les vents contraires au deuxième semestre s’annoncent même très violents. Malgré une hausse de son résultat d’exploitation (Ebit) de 13% au premier semestre (clos fin juin) à 529 millions d’euros, le groupe allemand prévoit un recul de l’Ebit sur l’ensemble de l’exercice par rapport à l’an dernier! Autrement dit, le deuxième semestre sera en fort recul par rapport à la même période de l’an dernier. Ces prévisions pessimistes ont fait chuter le cours de Bourse de toutes les majors européennes du secteur : -5,95% pour Lufthansa, -5,34% pour Easyjet, -4,11% pour Air France-KLM, -3,62% pour IAG et -2,80% pour Ryanair.
L’impact des attentats sur la demande
La demande de voyages est à la peine en raison, notamment, de l’impact de la répétition des attentats depuis 18 mois. Et l’attentat de Nice le 14 juillet dernier, ou celui à la hache dans un train en Allemagne peu après, ne vont pas arranger les choses.
„Les réservations à l’avance, notamment sur les long-courriers vers l’Europe, ont baissé de manière importante, en particulier à cause des attaques terroristes répétées en Europe et à la plus grande incertitude politique et économique”, explique Lufthansa.
Ce phénomène, qui concerne toutes les compagnies européennes, ne peut qu’atteindre encore plus Air France dans la mesure où l’Hexagone est le pays européen le plus touché par les attentats depuis janvier 2015. En interne, à Air France-KLM, ce phénomène s’observe dans la différence des courbes d’engagements entre Air France et KLM.
D’une manière générale en Europe, le trafic loisirs en provenance d’Asie et d’Amérique nord montre des signes de faiblesse. Si la lecture des évènements similaires dans le passé (comme l’attentat de Madrid en 2004) a montré qu’il fallait attendre plusieurs mois après un acte terroriste pour observer un retour à la normale du trafic, la répétition des attentats empêche à chaque fois tout retour à la normale.
Surcapacités
Cette demande poussive se combine à une situation de surcapacité en sièges sur les réseaux long-courriers et moyen-courriers. Si elles ont un peu mis le pied sur le frein, des compagnies européennes comme Lufthansa ou IAG maintiennent encore des niveaux de capacités élevés sur le long-courrier, notamment sur l’Atlantique Nord, un axe sur lequel les transporteurs américains ont également mis beaucoup de sièges. Sur le réseau intra-européen, le redéploiement en Europe occidentale des vols des tour-opérateurs opérés jusqu’à ces dernières années vers l’Afrique du Nord et la Turquie accentue la situation surcapacitaire.
Chute des recettes unitaires
De facto, une demande poussive combinée à une offre trop élevée entraîne une dégringolade des prix. Laquelle est par ailleurs accentuée par la redistribution aux passagers de la baisse de la facture carburant.
La recette unitaire du groupe Lufthansa par exemple a chuté de 8% à 9% au premier semestre, a indiqué le groupe qui détaillera ses résultats semestriels le 2 août. Celle d’Easyet a plongé de 8,3% entre avril et fin juin.
Si Air France-KLM va présenter le 26 juillet des bons résultats semestriels (le premier trimestre a été très bon, le deuxième beaucoup moins avec une performance un peu meilleure observée chez KLM), en raison notamment de la baisse de sa facture kérosène, le groupe français va néanmoins faire état de la même tendance.
Après avoir bien résisté au premier trimestre, les recettes unitaires ont commencé à baisser à partir de mai pour chuter encore plus à partir de mi-juin.
„Une cassure s’est produite à partir de mi-juin”, selon plusieurs sources, qui évoquent des baisses de recettes unitaires de l’ordre de 8%.
Sur l’ensemble du mois de juin, elles reculent d’environ 5% a déjà indiqué le groupe lors de la publication des chiffres de trafic. Certes, Air France-KLM a fait montre d’une grande discipline en termes de croissance des capacités, mais il est obligé de s’aligner sur les baisses de prix de ses concurrents. D’autant que, en plus de la conjoncture, Air France-KLM a également souffert, s’agissant des réservations, de l’impact des préavis de grève tant des pilotes (fin juin) que des syndicats d’hôtesses et de stewards d’Air France (du 27 juillet au 2 août).
Contrairement à l’été dernier, qui avait été excellent, celui-ci s’annonce donc plus difficile. Reste à savoir comment sera septembre, le mois de rentrée de la clientèle affaires. La promotion lancée ce jeudi par Air France est peu encourageante. La compagnie a lancé une promotion sur l’Europe à 39 euros l’aller simple. Easyjet a embrayé ce vendredi en proposant jusqu’à mardi minuit une réduction de 20% sur 175.000 sièges pour des voyages à effectuer entre le 31 août et le 14 décembre.
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/le-ciel-se-couvre-dangereusement-sur-le-transport-aerien-europeen-588065.html