Espérons que le Fonds monétaire international (FMI) se trompe. Les nouvelles prévisions de l’institution basée à Washington sont en effet peu enthousiasmantes pour l’économie française. En octobre, le FMI anticipait 1,5 % de croissance pour 2016 puis 1,6 % pour 2017. Ce mardi, les experts dirigés par Christine Lagarde ne visent plus qu’une croissance de 1,3 % et de 1,5 %.
De son côté, le ministère des Finances dirigé par Michel Sapin vise toujours une augmentation de 1,5 % du PIB en 2016 et en 2017. Avec ce nouveau pronostic, le FMI se range aux avis déjà formulés par le Haut conseil des Finances publiques et de la Banque de France qui ont déjà fait part de leurs doutes sur la capacité de l’économie tricolore à progresser à ces rythmes. Le 4 décembre, la banque centrale a revu fortement à la baisse ses projections pour 2016 et 2017, à 1,4% et 1,6% respectivement, au lieu des 1,8% et 1,9% jusque-là anticipés.
Une croissance déjà faible
Certes, l’écart entre les prévisions de Bercy et celles de Washington n’est pas très élevé. Mais là n’est pas le problème. Il réside dans le fait que l’estimation du gouvernement est déjà faible, trop faible pour résorber le chômage de masse, pour donner de l’espoir aux jeunes et seniors qui sont les catégories de personnes les plus durement frappées par la dégradation du marché de l’emploi. Une croissance plus faible que prévu pourrait avoir une autre conséquence : la promesse de la France de réduire son déficit public à 3 % du PIB – Bruxelles a déjà accordé trois reports à la France depuis 2012 – sera difficile à tenir.
Est-ce grave ? L’orgueil gouvernemental aurait à en souffrir. Est-ce que les électeurs pourraient reprocher à François Hollande, s’il se présente à l’élection présidentielle en 2017, cette promesse non tenue ? On peut envisager, sans trop se tromper, que c’est plutôt ses absences de résultats en matière de lutte contre le chômage qui devraient jouer contre lui.
Des réformes et peu d’effets
Une autre chose pourrait être reprochée au futur candidat Hollande : son incapacité à moderniser l’économie et à l’intégrer plus profondément dans l’économie mondiale. L’exécutif n’est pas resté les bras croisés. La création de la banque publique d’investissement, les nombreuses mesures contenues dans le pacte de compétitivité et dans le pacte de responsabilité ont apporté des résultats, la réduction du coût du travail dans l’industrie étant la plus visible. Le suramortissement temporaire de l’investissement porte également ses fruits, en témoigne la reprise de la formation brute de capital fixe dans l’industrie, essentiellement. Mais en dépit de ces réformes, le made in France est toujours en souffrance et continue de céder des parts de marchés en dépit de la dépréciation de l’euro face au dollar et de la chute des cours d’un certain nombre de matières premières et tout particulièrement du baril brut qui a vu sa valeur s’effondrer de plus d’un tiers en moins d’un an.
La comparaison est cruelle
Vexant, la France fait partie des rares pays de la zone euro qui voit ses prévisions de croissance révisées à la baisse par le FMI. Un certain nombre de nos voisins devraient même faire mieux que prévu estime-t-on à Washington. Le PIB allemand devrait progresser de 1,7 % en 2016 et en 2017, des taux de croissance en hausse respective de 0,1 et 0,2 point. L’économie espagnole devrait progresser de 2,7 % (+0,2 point) et de 2,3 % en 2017 (+0,1 point).
http://www.latribune.fr/economie/france/croissance-et-si-bercy-s-etait-trompe-543880.html