Les mois se suivent et se ressemblent. Alors que la consommation des ménages et l’investissement des entreprises se redressent, permettant au PIB d’afficher une croissance de 0,5% au premier trimestre, le commerce extérieur est toujours en panne.
En mars, selon les services des Douanes, les exportations ont reculé de 3,9%.
« L’amélioration des soldes est très importante vis-à-vis du Proche et Moyen-Orient et de l’Asie du fait d’un fort repli des importations qui s’accompagne d’une moindre progression des exportations. En revanche, le déficit se creuse fortement vis-à-vis de l’UE, en raison d’une diminution des ventes bien plus prononcée que celle des achats. Les autres variations des balances commerciales sont de moindre ampleur : réduction des déficits liée à une baisse des achats vis-à-vis de l’Amérique et de l’Europe hors UE, diminution de l’excédent avec l’Afrique où les ventes d’équipements industriels fléchissent », précisent les Douanes dans un communiqué.
Au premier trimestre, la France a déjà enregistré un déficit de 13,1 milliards d’euros. En mars et sur un an, les exportations n’ont augmenté que de 0,3%.
La fenêtre de tir se referme
Pourtant, les entreprises françaises ont vu leur compétitivité-prix se redresser grâce à la baisse des prix du pétrole et au repli de l’euro face au dollar. À ces éléments exogènes s’ajoute la réduction du coût du travail provoquée par le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et les allégements de cotisations intégrés au Pacte de compétitivité.
Le problème, c’est que l’environnement est de moins en moins favorable. Le 20 janvier, le cours du baril de Brent avait clôturé à 27,81 dollars. Il dépasse aujourd’hui les 48 dollars, ce qui représente une augmentation de 72 ! Depuis le 1er décembre 2015, l’euro s’est ressaisi face au dollar, reprenant plus de 9 centimes au billet vert.
Bien entendu, la conjugaison de tous ces éléments ne permet pas à elle seule d’inciter les entreprises à se lancer à la conquête de marchés étrangers. Ce serait trop facile. Même si les nouvelles technologies facilitent certaines choses, exporter n’est pas anodin. Il faut préalablement établir une stratégie commerciale, déterminer les marchés potentiels et parfois adapter ses produits aux goûts des consommateurs étrangers. Ce n’est pas simple. Toutes ces actions ont un coût. Par ailleurs, toutes les entreprises n’ont pas de service dédié à l’export. Rappelons que 120.000 entreprises, sur les trois millions d’entreprises recensées en France, exportent et que sur ce nombre, environ la moitié ne développe pas de courants d’affaires réguliers à l’international.
Reprise du commerce mondial en 2017
La remontée du brut et de l’euro tombent d’autant plus mal que le commerce mondial s’essouffle. En avril, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a révisé à la baisse ses estimations. Elle vise désormais sur une croissance du commerce mondial inférieure à 3% pour la cinquième année consécutive, de 2,8%.
« Le commerce enregistre toujours une croissance positive, mais à un rythme décevant. Les importations des pays développés devraient diminuer tandis que la demande des produits importés devrait reprendre dans les économies en développement », avait alors expliqué Roberto Azevedo, le directeur général de l’OMC.
En septembre, c’était une prévision de croissance de 3,9% que l’OMC avait formulé. Bonne nouvelle, la reprise du commerce mondial est attendue