Viendra, viendra pas? Plusieurs fois reportée, la visite du vice-prince héritier et ministre de la Défense saoudien, Mohammed bin Salman bin Abdul Aziz, qui était initialement attendu le 22 mars et le 25, est programmée le 27 juin. Si elle se concrétise, elle pourrait débloquer et faire avancer plusieurs dossiers d’armement en suspens entre les deux pays, dont celui portant sur la vente de 39 patrouilleurs fabriqués par Constructions Mécaniques de Normandie (CMN). De son côté, Thales poursuit ses discussions sur la vente du système de défense anti-aérien Mark3. Enfin, DCNS pousse ses corvettes Gowind.
CMN dans les starting-blocks
Le contrat le plus mature, dont la mise en vigueur traine depuis des mois et des mois, est celui du chantier naval de Cherbourg, CMN, propriété de l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa. Sans passer par l’aide de la société ODAS, CMN a signé il y a plusieurs mois un contrat avec Ryad pour la vente de plus de 39 patrouilleurs de 35 mètres équipés du système de combat Tacticos, le CMS de Thales Nederland, pour un montant de 600 millions de dollars environ. Dix patrouilleurs seront assemblés localement par le chantier naval saoudien incontournable Zamil, proche de la famille régnante, dans le cadre de la nouvelle politique de „saoudisation” de Mohammed bin Salman.
Si ce contrat n’a toujours pas été mis en vigueur par l’Arabie Saoudite, le chantier normand a franchi au premier trimestre un jalon très important. Il a obtenu des garanties bancaires d’un consortium de banques russes et du Golfe. En dépit des pressions de l’État français, les banques tricolores n’avaient quant à elle pas souhaité accompagner CMN. En outre, le chantier est en train d’adapter les trois corvettes vendues initialement à la marine libanaise dans le cadre du contrat Donas aux demandes des forces saoudiennes. Cette mise à niveau des matériels tient compte des spécificités de la marine saoudienne et de l’environnement du royaume.
Mark 3, mirage ou réalité?
Selon des sources concordantes, Thales discutent activement avec Ryad de la vente de du système de défense anti-aérienne de courte portée Mark 3 (Crotale NG). Une campagne toujours vivace en dépit des très longues discussions qui s’étirent sur plusieurs années entre l’Arabie saoudite et la France. Le système proposé par Thales à base de missiles VT1 a détruit des roquettes lors de démonstrations présentées aux forces armées saoudiennes. Ce qui a beaucoup intéressé les Saoudiens soucieux de mieux protéger leurs troupes et les populations au contact des rebelles chiites houthis, qui utilisent fréquemment des roquettes pour bombarder le sud du Royaume.
Thales a donc refait une offre „en saoudisant” sa proposition. Les négociations portaient entre autre sur ce point précis entre le groupe et Ryad. Aucune signature n’est attendue le 27 juin, sauf très belle surprise. A terme, l’électronicien espère signer un contrat global (en plusieurs tranches ?) d’une valeur totale de 4 milliards d’euros pour équiper la défense anti-aérienne de courte portée du royaume, qui est composée de systèmes de missiles Shahine (Crotale amélioré, monté sur châssis AMX 30). Thales est le fournisseur attitré du Royaume depuis près de trente ans de sa défense anti-aérienne (contrat Al Thakeb en 1984).
Des corvettes Gowind pour la marine
DCNS propose à la marine saoudienne cinq corvettes Gowind de 2.500 tonnes, proches de celle vendues à l’Égypte pour compléter la flotte de l’est. Soit un contrat estimé à environ 1,5 milliard. Le groupe naval tricolore, qui propose un vaste transfert de technologies (ToT) avec son partenaire saoudien Zamil, espère que les discussions avec l’Arabie Saoudite progresseront dans le cadre de la visite du vice-prince héritier. DCNS doit faire face à la concurrence de BAE Systems qui propose aux Saoudiens quatre à six corvettes de la classe Khareef, trois patrouilleurs et deux chasseurs de mines. A plus long terme, DCNS vise le renouvellement de la flotte de l’est des frégates (trois à six bâtiments).
Il est également possible que Ryad commande au vu de ses besoins opérationnels deux avions-ravitailleurs A330-200 MRTT d’Airbus supplémentaires. L’armée de l’air saoudienne, qui a en déjà six en service (trois commandés en janvier 2008, puis trois autres en juillet 2009), a reçu le sixième appareil en juin 2015. A terme, elle pourrait disposer de douze A330 MRTT.
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