Au large de la Libye et de l’île italienne de Lampedusa, le naufrage d’un chalutier de migrants aurait fait jusqu’à 700 morts.
19 Avril 2015, 10h56 | MAJ : 19 Avril 2015, 14h15
Un scénario semblable à celui d’il y a quelque jours, mais avec un bilan humain encore plus dramatique. Après qu’un chavirage a fait environ 400 morts mercredi en Méditerranée, le Haut-commissariat aux Nations unies pour les réfugiés (HCR) annonce ce dimanche qu’un nouveau naufrage de chalutier transportant des migrants pourrait avoir fait jusqu’à 700 victimes.
Ce chalutier a chaviré à environ 110 km des côtes libyennes avec à son bord plus de 700 personnes, selon le récit de 28 survivants récupérés par un navire marchand, a indiqué Carlotta Sami, porte-parole du HCR en Italie, aux télévisions italiennes. Si ces chiffres étaient confirmés, il s’agirait de la «pire hécatombe jamais vue en Méditerranée», a-t-elle déclaré. 24 cadavres ont été récupérés, selon les garde-côtes italiens, qui ne confirment pas le chiffre de 700 personnnes à bord, mais précisent, dans un communiqué, que ce chalutier de 20 m de long «est en capacité de transporter plusieurs centaines de personnes».
Une opération de secours avec 17 navires
Le chalutier a lancé dans la nuit de samedi à dimanche un appel au secours reçu par les garde-côtes italiens qui ont aussitôt demandé à un cargo portugais de se dérouter. Arrivé sur les lieux, à environ 120 milles (220 km) au sud de l’île italienne de Lampedusa, l’équipage a vu le chalutier chavirer, selon le HCR, probablement quand les 700 migrants à bord se sont tous précipités du même côté à l’arrivée du cargo portugais. Ce scénario serait semblable à celui du chavirage de mercredi.
Une importante opération de secours a été mise en place avec le concours des marines italienne et maltaise qui ont déployé 17 bâtiments. Entre 500 et parfois 1 000 personnes sont récupérées chaque jour par les garde-côtes italiens ou des navires marchands. Plusieurs organisations internationales et humanitaires ont dénoncé ces derniers jours l’incurie des autorités européennes, réclamant davantage de moyens.
Hollande : «la pire catastrophe de ces dernières années»
Interrogé sur Canal +, le président français de la République, François Hollande, a estimé que, «si c’était confirmé, ce serait la pire catastrophe de ces dernières années en Méditerranée. Depuis le début de l’année, il y a une accélération». Il a précisé avoir appelé le Premier ministre italien, Matteo Renzi, et souhaiter «qu’il y ait une réunion rapide des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères européennes pour qu’il y ait plus de bateaux, de survols, pour qu’il y ait une lutte beaucoup plus importante contre les trafics». Il a aussi qualifié les passeurs de «terroristes». L’UE, qui s’est dite «profondément affectée», a annoncé ce dimanche après-midi qu’elle tiendrait une telle réunion ministérielle prochainement.
Le pape, après avoir exprimé sa «plus vive douleur», a, pour sa part, enjoint la communauté internationale à «agir avec décision et rapidité». Les migrants «sont des hommes et des femmes comme nous, des frères qui cherchent une vie meilleure». Jean-Luc Mélenchon, vice-président du Parti de gauche, a, quant à lui, rejeté la faute sur l’Europe et le libéralisme. Les Européens sont «absolument et totalement responsables», a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur France 3. Le député européen du Parti de gauche estime que «nous sommes responsables parce que nous provoquons des guerres qui mettent des milliers de gens en mouvement de tous côtés, et que là où il y a la guerre il n’y a plus aucun contrôle des franchissements de frontières. C’est le cas de la Libye». Il juge aussi qu’il faut «arrêter cette politique folle du libéralisme dans les pays d’Afrique».
«La Méditerranée est un cimetière de migrants. On va attendre que tous se noient ?» s’emporte Emmanuelle Cosse qui déplore qu’on se soit «habitué à quelque chose d’inacceptable». La patronne d’EELV a dénoncé «une arrivée massive de navires, au moment où l’Union européenne (UE) a arrêté la mission» de surveillance de la Méditerranée. «A court terme, on doit éviter que des gens se tuent, il faut que l’Union européenne redonne les moyens à Frontex (l’agence européenne de coopération des frontières extérieures de l’UE) et à la force maritime pour aller au devant de ces bateaux et accueillir ces migrants», a-t-elle plaidé ce dimanche sur Europe 1 et i>Télé.