L’action de la première banque allemande, en chute de 24% depuis le début de l’année, a gagné 5% au plus fort de la séance du 28 avril. Et ce, grâce à la publication d’un bénéfice surprise, au titre du premier trimestre.

La Bourse offre un répit à Deutsche Bank
C’est parce que les charges relatives aux litiges judiciaires ont diminué de 1,4 milliard d’euros, au cours des trois premiers mois de l’année, que les comptes de l’établissement ont viré au vert. (Crédits : © Kai Pfaffenbach / Reuters)

Le pire n’est jamais certain, dit-on. Deutsche Bank en a apporté la preuve, ce jeudi 28 avril, avec la publication d’un bénéfice net de 236 millions d’euros au titre du premier trimestre, alors que les analystes financiers sondés par l’agence Reuters anticipaient une perte de 249 millions. Ni une ni deux, l’action Deutsche Bank, proprement massacrée depuis le début de l’année en raison d’inquiétudes sur la solvabilité du groupe, a grimpé de 5% à la Bourse de Francfort, au plus fort de la séance, à 17,54 euros. A la décharge des analystes, la première banque allemande avait clos l’exercice 2015 sur une perte de près de 7 milliards d’euros, la plus importante de son histoire, conséquence, entre autres, des coûts liés aux quelque 6.000 litiges dans lesquels le groupe est empêtré.

Crise des « subprimes » (crédits hypothécaires américains risqués), manipulation du taux interbancaire Libor et des certificats de CO2… La « Deutsche » est soupçonnée d’avoir été de presque tous les grands scandales bancaires de ces dernières années, ce qui l’a contrainte à passer un total de 13 milliards d’euros de provisions depuis 2012. Pour autant, c’est parce que les charges relatives à ces affaires judiciaires ont diminué de 1,4 milliard d’euros, au cours des trois premiers mois de l’année, que les comptes de l’établissement ont viré au vert. Mais pour combien de temps ? Dans une interview au quotidien allemand Bild, diffusée mercredi 27 avril, Jürgen Fitschen, l’un des deux patrons de Deutsche Bank, qui quittera ses fonctions à l’issue de l’assemblée générale du mois de mai, a indiqué que le groupe entendait solder « d’importants » litiges d’ici à la fin de l’année. Ce qui laisse supposer un nouveau gonflement des provisions au cours des prochains mois.

L’éventualité d’une augmentation de capital demeure

Surtout, le bénéfice surprise dégagé par Deutsche Bank au premier trimestre ne doit pas faire oublier que celui-ci représente une chute de 58% par rapport aux 559 millions d’euros engrangés un an plus tôt. Une contreperformance à mettre d’abord sur le compte d’un plongeon de 22% du chiffre d’affaires, à 8,1 milliards d’euros, le groupe ayant particulièrement souffert dans les métiers de banque de financement et d’investissement (BFI). Certes, la « Deutsche » n’est pas la seule banque, loin de là, à avoir vu ses clients lever le pied sur le courtage ainsi que sur le placement d’actions et d’obligations, compte tenu des turbulences boursières de ce début d’année. Mais la BFI étant la grande force de la première banque allemande, ses déboires dans ce domaine inquiètent davantage que les déconvenues de concurrentes plus diversifiées.

Ensuite, les résultats du premier trimestre ont été entaillés par les charges liées aux fermetures d’agences, au retrait de certains pays et autres mesures du plan de restructuration enclenché en 2015 par John Cryan, lequel fêtera cet été sa première année à la tête de Deutsche Bank, dont il sera le seul maître à bord après le départ de Jürgen Fitschen. A ce sujet, John Cryan a prévenu que « 2016 constituera le pic de nos efforts de restructuration. » Laissant ainsi imaginer, au mieux, « un petit bénéfice » pour l’ensemble de l’exercice en cours. Ce qui ne devrait pas laisser beaucoup de marge de manœuvre pour renforcer un ratio de fonds propres durs (de grande qualité) en baisse de 0,4 point au premier trimestre, à 10,7%, alors que la réglementation exigera un niveau de 12,25% dès la fin 2019.

Certes, la finalisation de la vente de la participation de 20% de la « Deutsche » dans la banque chinoise Hua Xia, pour 3 milliards d’euros, doit permettre d’augmenter le ratio de fonds propres durs de 0,5 point. Il n’empêche, dans une note publiée le 28 avril, Andrew Coombs, analyste chez Citigroup, reste convaincu que « Deutsche Bank aura besoin de lever des capitaux. » Cette éventualité d’une augmentation de capital avait fait plonger le cours de Bourse à 13 euros en février, son plus bas niveau depuis…1984. Preuve que cette inquiétude demeure, l’action Deutsche Bank, malgré son rebond de jeudi, dévisse encore de 24% depuis le 1er janvier, quand l’indice Stoxx des 600 plus grandes banques européennes ne perd plus « que » 15,3%.

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