En lice sur trois tableaux il y a seulement quelques semaines, le club d’Arsenal est en train de lâcher prise dans l’ensemble des compétitions, faisant planer le risque de vivre une nouvelle saison sans trophée majeur. Malgré l’absence de titres majeurs remportés au cours des dernières saisons, le poste d’Arsène Wenger n’est pourtant nullement menacé. Explications…

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Grâce à des revenus supérieurs à 300 millins de livres, et en attendant la réévaluation des droits TV, Arsenal peut sans problème réaliser chaque année un gros recrutement sur le marché des transferts sans déséquilibrer son bilan financier. (Crédits : Hannah McKay)

Une nouvelle fois, Arsenal FC risque bien de décevoir ses fans à l’issue de cette saison 2015-16. Eliminé par Watford en Cup, les Gunners risquent de prendre également la porte de sortie ce soir en C1 face au FC Barcelone après avoir concédé une défaite 2-0 à domicile lors du match aller. En championnat, les Gunners comptent 9 points de retard sur le leader Leicester City FC à 8 journées du terme de la compétition. Et même si Arsenal compte un match en retard, les Gunners semblent plus focalisés à sécuriser leur troisième place synonyme de qualification directe pour la C1 plutôt que de viser un 14ème titre de champion d’Angleterre qui échappe au club depuis… 13 ans !

Alors qu’Arsenal FC n’a plus remporté de titre majeur depuis la saison 2003-04 – hormis trois coupes d’Angleterre – les journalistes britanniques et les fans pointent régulièrement la responsabilité d’Arsène Wenger dans cet échec. Ils estiment notamment que la politique frileuse menée par le manager alsacien sur le marché des transferts freine la croissance sportive des Gunners.

A ce niveau, il est difficile de donner tort aux détracteurs de Wenger. A l’heure où le football anglais s’apprête à connaître une envolée des droits TV de Premier League, tous les clubs de l’élite n’ont pas hésité à surinvestir lors du dernier marché estival pour renforcer leur compétitivité sportive. Une tendance qui n’a pas été suivie par Arsenal : le club a seulement recruté Petr Cech lors de cette période estivale après une longue hésitation d’Arsène Wenger…

Pourtant, Arsenal FC possède largement une structure financière permettant au club de réaliser au moins un grand transfert par saison ! Si Arsenal possède toujours d’importantes dettes liées notamment à la construction de l’Emirates Stadium, le club a accumulé tellement de réserves au cours des dernières années que le niveau d’endettement net est désormais très peu élevé (5,681 M£ au 30/06/2015). Générant désormais des revenus supérieurs à 300 M£ en attendant la réévaluation des droits TV, Arsenal peut sans problème réaliser chaque année un gros recrutement sur le marché des transferts sans déséquilibrer son bilan financier. D’ailleurs, les recrutements de Mesut Ozil et Alexis Sanchez au cours des dernières années ont alourdi la dotation aux amortissements sans compromettre le résultat net positif du club en fin de saison.

Alors pourquoi Arsenal ne prend-il pas plus de risques sur le marché des transferts ? Une première hypothèse consiste à dire qu’Arsène Wenger ne prend aucun plaisir à réaliser de gros transferts pour améliorer la compétitivité sportive du club. Possédant un tempérament de formateur, il préfère faire venir de jeunes talents afin d’assurer un travail de post-formation plutôt que de recruter une vedette capable de transformer le jeu de son équipe. D’ailleurs, sa dernière équipe championne d’Angleterre était composée de multiples éléments ayant rejoint Arsenal à un très jeune âge (Henry, Vieira, Ljungberg, Lauren…).

Une autre hypothèse, hautement plus crédible, consiste à émettre l’idée que le Board d’Arsenal privilégie largement l’optimisation financière dans la gestion du club plutôt que les titres remportés. Une stratégie qui expliquerait pourquoi aucune pression n’est mise sur les épaules d’Arsène Wenger malgré les années de disette. Grâce au très bon travail mené par Wenger concernant l’optimisation des résultats sportifs en fonction du budget dépensé, la valeur de l’action Arsenal a ainsi progressé de 1200% entre 2002 et 2013 contre 60% pour le cours des actions britanniques en général d’après les informations révélées par Simon Kuper et Stefan Szymanski dans l’ouvrage Les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus. Une appréciation de la valorisation du club qui a dernièrement permis à Farhad Moshiri de réaliser une belle plus-value en cédant 15% du capital social d’Arsenal contre un chèque de 200 M£…

Si la deuxième option est retenue, le travail mené par Arsène Wenger prend alors tout son sens. L’objectif premier du manager du club londonien est d’optimiser la performance financière du club et non de remporter des titres. Un objectif qu’il remplit parfaitement saison après saison. Cependant, cette stratégie conduira vraisemblablement les Gunners à réaliser une nouvelle saison blanche. Ironie de l’histoire : Leicester City est en passe de remporter le titre en ayant mené une politique de recrutement basée sur quelques offensives menées auprès de jeunes joueurs (Mahrez, Kanté…). Une philosophie de recrutement dans laquelle Wenger excellait au début de son règne à Arsenal…

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http://www.latribune.fr/economie/international/pourquoi-arsenal-ne-remporte-plus-de-trophees-majeurs-558328.html