Manuel Valls démarre lundi les discussions avec les syndicats et le patronat afin de „retravailler” ce projet de loi de réforme du droit du travail.

Myriam El Khomri, la ministre du Travail. (Crédits : © Philippe Wojazer / Reuters)
Myriam El Khomri, la ministre du Travail. (Crédits : © Philippe Wojazer / Reuters)

Concertation compliquée avec les partenaires sociaux, séminaire avec des députés mécontents, grèves et manifestations : la semaine s’annonce tendue pour le gouvernement, qui doit modifier le projet de loi El Khomri comme le réclament syndicats et politiques, sans froisser le patronat. Manuel Valls démarre lundi les discussions avec les syndicats et le patronat afin de „retravailler” ce projet de loi de réforme du droit du travail, dont le passage en Conseil des ministres a été reporté de 15 jours, au 24 mars, pour tenter de trouver un compromis.

Lundi, seront reçues tour à tour à partir de 10H00 la CFTC, FO, la CGT, la CFDT et, côté patronal, la CGPME, pour des concertations bilatérales, qui vont s’achever mercredi avec l’Unsa, avant une réunion plénière le 14 mars. Les numéros un de ces organisations ont rendez-vous à Matignon avec le Premier ministre, entouré de Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Economie). En parallèle, Manuel Valls va essayer d’éteindre un deuxième départ de feu mardi soir chez les députés PS, qui ont imposé l’idée d’un séminaire consacré au projet de loi. Objectif: „travailler sur les points qui font difficulté” puis, le 14 mars, lors de la poursuite du séminaire,„sur les solutions”, indique-t-on dans les rangs socialistes.

Mais les marges de manoeuvre sont faibles. D’un côté, le gouvernement doit calmer la grogne contre ce projet, censé répondre au chômage de masse mais jugé trop favorable à l’entreprise par les syndicats et une partie de la gauche. De l’autre, l’exécutif devra compter avec le patronat, qui n’acceptera pas que ces concertations conduisent à un„affadissement” de la réforme. „On souhaite que le texte reste ambitieux. Il faut garder des mesures puissantes pour faire reculer le chômage”, prévient un porte-parole du Medef, qui sera reçu mardi à 19H00.

Manifestations les 9 et 31 mars

Matignon se dit prêt à revoir les „curseurs” des deux mesures les plus disputées, l’extension du licenciement économique et la création d’un plafond pour les indemnités prud’homales, mais veut les garder dans le texte. „Il y a un deal politique”,décrypte un élu proche du gouvernement. En échange du compte personnel d’activité (CPA), le Medef demande „une souplesse sur le licenciement économique et le barème sur les indemnités”. „La ligne rouge, c’est que ce deal explose”, ajoute-t-il. La rencontre avec la CFDT sera cruciale. Son numéro un, Laurent Berger, juge le projet „trop libéral” et pointe „de vrais désaccords”. Il est prêt à une „mobilisation” s’il n’était pas entendu, des propos rares pour la centrale.

La CFDT et trois autres syndicats dits „réformistes” (CFTC, CFE-CGC, Unsa) ont proposé des modifications, dont le retrait du plafonnement des indemnités prud’homales, la réécriture de l’article sur le licenciement économique et un meilleur encadrement des astreintes et du forfait-jour. Forfait-jour que Matignon s’est d’ailleurs déjà engagé à retoucher. „Nous laissons toute sa chance à la concertation” mais, „si le texte ne bouge pas, nous appellerons à des manifestations le 31 mars”,a prévenu Carole Couvert, présidente de la centrale des cadres.

Sept syndicats réclamant le retrait pur et simple du texte, dont la CGT, FO et Solidaires, ont appelé à manifester et à faire grève ce jour-là contre un projet qui constitue une „régression sociale”. Des manifestations et grèves sont prévues dès mercredi, à l’appel d’organisations de jeunesse et de certains syndicats de salariés, dont FO et la CGT, contre une réforme„écrite par le Medef”.

Martine Aubry, qui a signé avec d’autres personnalités de gauche le 25 février une tribune au vitriol contre l’exécutif, a souhaité vendredi que le report de deux semaines ne serve pas à „modifier deux virgules” à un projet qui „comporte des aspects extrêmement dangereux”. La pression n’est pas que dans la rue: la pétition en ligne contre le projet a franchi vendredi le cap du million de signatures, deux semaines après son lancement, une première. Et selon un sondage, deux Français sur trois s’attendent à une contestation sociale généralisée (AFP).

 

http://www.latribune.fr/economie/france/loi-el-khomri-semaine-delicate-en-vue-pour-le-gouvernement-555624.html